En quoi consiste une thérapie familiale?

Par | Publié le | dans la catégorie Thérapie conjugale et familiale

Deuil, maladie d’un parent ou d’un enfant, conflits, échec scolaire, entrée dans l’adolescence : de nombreuses raisons peuvent affecter l’équilibre familial. La plupart du temps, la souffrance d’un membre de la famille masque un dysfonctionnement du groupe dans son ensemble. La thérapie familiale peut alors s’avérer une solution efficace pour que chacun retrouve un équilibre personnel et un plaisir à vivre ensemble. Mais en quoi consiste-t-elle ? Comment se déroulent les séances ? Quels bénéfices en espérer ? Jacques Mercier, thérapeute conjugal et familial, nous éclaire.

En général, lorsqu’une personne fait appel à un thérapeute familial, c’est parce que l’un des membres de la famille a été perçu comme « celui qui a des problèmes ». Toutefois, ce patient désigné est bien souvent le révélateur de relations dysfonctionnelles impliquant toute la famille. « Un enfant qui a des difficultés à l’école ou qui présente des troubles de comportement peut être le reflet de l’angoisse qu’il éprouve lorsqu’il voit ses parents se disputer sans arrêt », explique Jacques Mercier. Ce symptôme est alors le point de départ de la thérapie. Mais le but est de comprendre à quoi il sert pour amener les parents et les enfants vers une lecture différente du problème et vers d’autres solutions. « Le rôle du thérapeute est de présenter à la famille une nouvelle façon de voir les choses qui lui permettra de prendre conscience de la dynamique entre ses différents membres », ajoute-t-il.

Comment se déroulent les rencontres ?

La relation de confiance qui s’établit entre le thérapeute et ses clients est déterminante pour le bon déroulement de la thérapie. Selon Jacques Mercier, les quinze premières minutes de la première séance sont cruciales, car c’est souvent à ce moment-là que le climat de confiance s’installe et que se révèle la source du problème.

Durant chaque rencontre, le thérapeute donne à chacun le droit de parole et lui permet de réagir aux propos d’un autre membre de la famille. Les enfants comme les parents apprennent également à mieux communiquer, notamment en vérifiant si leur message a été bien compris. Il y a en effet souvent une distorsion entre ce que l’on dit et la façon dont les autres le perçoivent.

Au fil des séances, le thérapeute tente ainsi de rétablir le dialogue, de faire circuler l’information qui, souvent, est bloquée. Jacques Mercier rappelle d’ailleurs que 70 % de l’information fournie par un patient est non verbale. « Dès le premier rendez-vous, le simple fait de voir qui s’assied à côté de qui ou qui choisit la chaise la moins ou la plus confortable nous en dit long sur la dynamique familiale et la place de chacun dans ce système », dit-il.

Travailler sur les non-dits et les mythes familiaux

En tant qu’agent de circulation de l’information verbale et non verbale, le thérapeute s’efforce de faire apparaître ce qui ne se dit pas, soit ce qu’on appelle les non-dits (un secret de famille, par exemple). Il essaie également de faire émerger les mythes sur lesquels s’est construite la famille de génération en génération. Ces croyances sont devenues avec le temps tellement imprégnées dans le fonctionnement familial qu’elles sont très difficilement remises en question. Il s’agit par exemple des principes familiaux, de ses valeurs et rites, du partage des tâches et de la distribution des rôles selon les âges, etc. Bon nombre de pathologies familiales s’articulent en effet autour de souffrances qui, parce qu’elles n’ont pas été surmontées par les générations précédentes, continuent d’exercer une influence sur leur descendance. « Comme un metteur en scène, le thérapeute va redéfinir les rôles implicites de chacun (celui qui prend soin de tout le monde, celui qui dénonce, celui qui est rebelle, etc.). Il va également creuser dans l’histoire des parents et des grands-parents pour comprendre les impacts que certains événements ont sur la dynamique actuelle », précise le spécialiste.

Selon les thérapeutes, diverses techniques de participation active peuvent être utilisées pour aider les familles à nommer leurs émotions ou faire émerger celles qui étaient enfouies. Parmi elles, les sculptures (chacun doit mimer l’autre comme il le perçoit sous forme d’une sculpture vivante), le génogramme (chercher dans l’histoire familiale des relations et événements qui ont été marquants) ou encore les jeux de rôle. Certains spécialistes proposent même de faire des séances filmées afin que les participants puissent prendre conscience de ce qui s’est passé durant la rencontre, notamment au niveau non verbal. Pour que le travail se poursuive à la maison, d’autres trouvent aussi utile de donner des exercices à faire entre deux séances. 

Quels bénéfices peut-on retirer d’une thérapie familiale ?

Le premier signe d’une amélioration de la situation est la disparition du symptôme à l’origine de la consultation. Mais surtout, le dialogue, jusqu’ici défaillant, qui a été rétabli. Chacun est plus conscient des enjeux qui existent au sein de la famille, a réappris à s’exprimer en son nom et à écouter les autres. « Une famille est un groupe de hérissons qui doit apprendre à vivre ensemble dans le même sac. Chacun de ses membres doit être plus conscient de ce qui le fait souffrir pour apprendre à vivre le mieux possible avec ce qu’il est. Si on réussit à changer cette tendance souvent observée de chercher un coupable du malaise familial, un grand pas vient d’être franchi », conclut Jacques Mercier.

Bien entendu, selon la complexité de la situation, une thérapie peut durer quelques semaines comme plusieurs mois. Dans tous les cas, le jeu en vaut la chandelle.

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