Le travail social de groupe : une pratique essentielle
Nous sommes devenus travailleurs sociaux pour aider les autres à se transformer et à transformer leur milieu. L’anthropologue américaine Margaret Mead disait qu’il ne faut jamais douter qu’un petit groupe d’individus engagés puisse changer le monde, car c’est toujours ainsi que le monde a changé. Les groupes restreints ont en effet ce pouvoir potentiel immense de collectiviser, de solidariser, de lier.
Déjà au début des années 1900, Pierre Kopotkine identifiait l’entraide comme le principal moteur de l’évolution des espèces, faisant de la coopération un facteur plus puissant que la compétition. Ce besoin, comme être humain, de faire partie de groupes pour naître, grandir et se développer est donc inscrit en nous.
De tout temps, des cercles de guérison des premières nations, aux groupes en YMCA, aux « settlements houses», en passant par l’Association féminine d’éducation et d’action sociale (AFEAS), les Alcooliques anonymes (AA), jusqu’aux groupes virtuels rendus possibles par les nouvelles technologies, les gens se sont réunis pour se guérir, s’éduquer, s’émanciper, socialiser, défendre leurs droits et transformer leur monde. Pourtant, dans ce 21e siècle maintenant bien engagé, les forces de dislocation des liens et des communautés sont nombreuses, laissant plusieurs de nos concitoyens exclus, désaffiliés, isolés et créant, chez la plupart d’entre-nous, anxiété, perte de sens ou solitude.
Le travail social de groupe, une méthode phare de notre profession, fait partie des réponses possibles. Il offre un lieu sécuritaire permettant aux membres de partager un vécu commun, recréer un tissu social, expérimenter de nouvelles façons d’être et de faire, développer un sentiment d’appartenance, apprendre les uns des autres et se soutenir.
Le groupe devient un lieu d’appropriation de pouvoir. Un lieu où les forces et l’expérience des membres sont valorisées et utiles pour les autres, où des objectifs individuels rallient des enjeux collectifs. C’est une méthode d’intervention qui permet d’incarner des valeurs fondamentales du travail social comme la démocratie, l’aide mutuelle, l’inclusion, la coopération, l’égalité… Il n’est donc pas surprenant que tant de travailleurs sociaux témoignent de l’effet ressourçant du travail social de groupe, dans le sens littéral d’un retour aux sources, aux fondements de ce qui nous anime comme professionnel.
Le travail social de groupe repose sur une riche littérature, souvent méconnue. Dommage, car nous vivons actuellement une prolifération d’interventions utilisant le groupe dans nos différents milieux qui ont parfois peu à voir avec ce que nous discutons ici. Cette pratique ne doit pourtant pas être réservée à quelques « experts » ou limitée à quelques milieux. Elle doit faire partie du coffre à outils de tous les travailleurs sociaux.
Pour valoriser la pratique du travail social de groupe, le chapitre francophone en travail social de groupe (ISAWG) et l’OTSTCFQ ont co-développé un dossier portant sur différents aspects de cette pratique. Nous sommes fiers de ce dossier et nous espérons que ses différents volets permettront de vulgariser quelques-unes des valeurs, connaissances et habiletés les plus fondamentales de cette pratique. Mais surtout, nous souhaitons que cela vous inspire et vous encourage à tenter l’expérience du travail social de groupe.
Ce dossier est constitué de cinq thèmes :
- Une bibliographie sur le travail social de groupe
- Des outils d’analyse : normes de pratique, inventaire de compétences et grille d’observation
- Des présentations de mémoires ou essais
- Des webinaires portant sur les phases de groupe
- Des vidéos sur des pratiques inspirantes
Opération de longue haleine, la réalisation de ce dossier a été rendue possible grâce à la participation active de plusieurs membres du Chapitre francophone en travail social de groupe.
Soulignons la contribution majeure des membres du comité de coordination de la valorisation de la pratique en travail social de groupe, soit : Ginette Berteau, T.S., professeure à l’École de travail social de l’UQAM, responsable du comité, Annick Bujold, T.S., CISSS-de-la-Montérégie-Centre, Christiane Jalbert, T.S., conseillère clinique au CIUSSS de l’Est-de-l’Île-de-Montréal, Caroline Provost, Centre des aînés de Villeray et Cynthia Lisée, étudiante à la maîtrise en travail social et bibliothécaire à l’UQAM. Sans leur grand engagement bénévole, ce dossier n’aurait pu voir le jour.
Un merci particulier d’abord à Éric Gascon qui, comme président, a toujours été en appui, puis, aux membres de ce chapitre, qui ont de près ou de loin, mis la main à la pâte.
Mille mercis aux participants des différentes sections du projet (4 au projet : Mon mémoire, mon essai et Ma thèse en 120 secondes, 5 aux capsules de formation, 14 aux capsules sur les pratiques inspirantes, aux nombreux figurants et à Robert Cornellier notre cinéaste et 4 au développement de la bibliographie et des outils d’analyse).
Enfin, ce projet de valorisation de la pratique en travail social de groupe développé avec l’OTSTCFQ a été une occasion unique de rayonnement pour le chapitre francophone. L’ouverture, le soutien et l’engagement de Geneviève Cloutier et du service des communications de l’OTSTCFQ ont aussi contribué à la qualité du dossier!
Le chapitre francophone de l’association internationale pour le travail social avec les groupes (IASWG).