Quand vient le temps de parler de couverture des besoins de base, on gagne à l’aborder plus concrètement.
EXERCICE 14 : Bien vivre dans mon milieu, ça veut dire quoi? Avoir de la misère à vivre et à survivre dans mon milieu, ça veut dire quoi?
EXERCICE 15 : Quel montant faut-il par semaine à une famille de quatre personnes pour se nourrir adéquatement dans mon milieu? Quel montant annuel faut-il à cette famille de quatre personnes pour couvrir ses besoins de base? Et quel montant annuel faut-il à une personne seule pour couvrir ses besoins de base?
La mesure du panier de consommation (MPC) a été recommandée par le Centre d’étude sur la pauvreté et l’exclusion en 2009 pour « suivre les situations de pauvreté sous l’angle de la couverture des besoins de base ». Si elle a été retenue ensuite au Québec à cette fin, il importe de souligner que tous les mots de cette recommandation du CÉPE ont leur importance.
La MPC, c’est un repère qui nous indique le revenu dont il faut disposer pour couvrir minimalement les cinq types de besoins suivants : l’alimentation, les vêtements, le logement, le transport, et un dernier ensemble de nécessités d’usage courant comme l’ameublement, les soins personnels, les communications, les loisirs, et ainsi de suite.
Attention toutefois à la tendance à la considérer comme un/le seuil de pauvreté, comme on peut le lire dans diverses publications, y compris dans le dernier plan d’action gouvernemental requis par la Loi visant à lutter contre la pauvreté et l’exclusion sociale. Il sera de plus difficile de maintenir les nuances utiles à la suite de la publication en août 2018 d’une première stratégie fédérale de lutte contre la pauvreté dans laquelle le choix est fait de considérer la MPC comme «le seuil officiel de la pauvreté au Canada».
Le CÉPE a bien pris soin d’indiquer en 2009 que la MPC ne saurait indiquer la sortie de la pauvreté et qu’elle ne répondait qu’à une partie de la définition de la pauvreté donnée dans la loi.
La MPC est calculée par Statistique Canada en fonction d’une famille de deux adultes et deux enfants. Elle est recalibrée ensuite selon une échelle d’équivalence en fonction de la taille du ménage. Son seuil varie également en fonction du lieu de résidence : milieu rural, agglomérations de tailles diverses, Québec, Montréal.

La part des différents besoins considérés aux fins de la MPC est établie en fonction d’une famille de deux adultes et deux enfants pour les différents types d’agglomération. Voici ce que cela donne.

Cette répartition variera bien sûr selon les autres types de ménages, mais elle donne une indication des moyens et du niveau de vie représenté par la MPC.
EXERCICE 16 : Ai-je en tête le niveau de revenu requis pour couvrir ses besoins de base dans mes rencontres d’évaluation et d’intervention sociale? Cela a-t-il un impact dans ma façon d’évaluer et d’intervenir? En quoi?
EXERCICE 17 : Les données de la MPC vous paraissent-elles réalistes selon votre connaissance du coût de la vie dans votre milieu?
Il faut de plus tenir compte du fait que le seuil de la MPC ne correspond pas à un revenu après impôt, mais au revenu après impôt qui reste aux fins des dépenses relatives aux cinq sections du panier de référence après qu’on ait déduit certaines dépenses non discrétionnaires comme : les soins de santé non assurés, les services de garde, les frais professionnels, les pensions alimentaires à payer. Certaines de ces dépenses sont parfois compensées par d’autres soutiens, parfois non. Le CÉPE a estimé qu’il fallait ajouter en moyenne 7 % au seuil de la MPC pour estimer un revenu après impôt correspondant, un montant proche de la mesure de faible revenu à 50 % du revenu médian, ou MFR-50, qui sert aux comparaisons interrégionales.
Il n’y a pas de mesure officielle au Québec qui soit conçue spécifiquement pour fournir un repère pour la sortie de la pauvreté. En attendant une telle mesure, on peut considérer que dans la zone des seuils de faible revenu existants, la mesure de faible revenu à 60 % du revenu médian, ou MFR-60, qui sert aux comparaisons internationales, fournit à tout le moins un repère de faible revenu plus probant que la MPC.
Le tableau suivant montre les différences de repères entre les seuils pour une personne seule en 2015 et 2017.

Ces chiffres nous donnent des repères logiques de revenu après impôt à viser pour commencer à parler de couverture des besoins de base et de sortie de la pauvreté au Québec : autour de 19 000 $ d’une part et de 24 000 $ d’autre part en 2017 pour une personne seule à Montréal.
De même on peut se référer aux récents travaux de l’IRIS sur le revenu viable, qui présentent, pour une première fois depuis l’avis du CÉPE en 2009, une approche raisonnée de la sortie de la pauvreté qui en situe le niveau autour de 25 512 $ après impôt pour une personne seule à Montréal en 2018.
Qu’en est-il maintenant des garanties existantes?
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