Mots de genre sans maux de tête

LGBT écrit sur une machine à écrire

Afin d’intervenir efficacement auprès des enfants et des jeunes trans, il est essentiel de bien saisir la terminologie ainsi que certains concepts de base.

Sexe

Sens donné à certaines caractéristiques biologiques comme les organes génitaux (vulve, pénis), hormones (estrogène, testostérone), chromosomes (XX, XY, XYY, XXY, XXX). Le sexe est aussi une catégorie légale.

C’est souvent après un constat des organes génitaux par un médecin qu’un sexe sera assigné à la naissance de l’enfant. Ce sexe assigné sera inscrit sur l’Acte de naissance de la personne et déterminera son identité civile. On retrouve cette mention de sexe sur plusieurs pièces d’identité, notamment la carte d’assurance maladie, le permis de conduire et le passeport, mais aussi dans des numéros d’identification tel que le Code permanent étudiant. 

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Genre

Structure sociale qui différencie les gens au-delà de leur sexe, par le biais de normes et d’attentes sociales évoluant dans l’espace-temps. Le genre, en tant que système dicte notamment que les garçons devraient préférer les voitures aux poupées ou que seules les femmes devraient se maquiller.

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Identité de genre

Réfère à la relation intime avec soi-même, au sens de son propre genre, et ne peut être déterminé que par la personne elle-même. Chaque personne a une identité de genre, par exemple femme, homme ou non binaire (voir la définition ci-dessous).

  • Une personne cis, ou cisgenre a la même identité de genre que celle qui lui a été assignée à la naissance. La plupart des personnes sont cis.
  • À l’opposé, une personne trans, ou transgenre, a une identité de genre différente de celle qui lui a été assignée à la naissance.
  • Certaines personnes trans se considèrent transsexuelles, mais pas toutes.

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Expression de genre

Apparence du genre telle que manifestée aux autres, plus ou moins indépendante de l’identité de genre. Par exemple, avoir une apparence ou une attitude masculine, féminine, androgyne.

Toutes les combinaisons d’identité et d’expression de genre sont possibles : par exemple, une femme pourrait avoir une apparence plutôt masculine, en se sentant toujours femme. Un jeune homme trans peut aimer se maquiller, ce qui ne le rend pas moins homme. Il n’y a pas de bonne ou de mauvaise façon d’exprimer son genre.

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Dysphorie de genre

Ce terme peut référer au diagnostic du DSM-5 mais est aussi utilisé plus largement pour décrire la détresse ou la souffrance vécue par certaines personnes trans, en raison de l’incongruence entre leur identité de genre et leur sexe assigné à la naissance.

  • Certaines personnes trans parlent aussi de dysphorie sociale, c’est-à-dire la souffrance vécue lorsque d’autres ne reconnaissent pas ou ne valident pas leur genre.

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Non binaire

Regroupe toutes les personnes dont l’identité de genre sort de la dichotomie homme versus femme, mâle versus femelle. Par exemple, les personnes qui ne sont ni homme ni femme, homme et femme, fluide, entre homme et femme, parfois femme et parfois autre… Certaines personnes non binaires ont une identité plus spécifique et peuvent exprimer leur identité notamment par les termes agenre, transféminine, fluide dans le genre, neutrois, genderqueer, demiboy. Même si ces mots n’ont pas de définition formelle, ils sont présentés ici puisque la façon dont une personne se définit est complexe et évolue. Ces termes en témoignent. 

Il faut se rappeler que le genre, le sexe et l’identité de genre peuvent être combinés de toutes les manières possibles. Chaque personne est unique?

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Oppressions spécifiques :

  • La transphobie réfère aux préjugés, discriminations et violences anti-trans.
    • La transmisogynie est la forme de transphobie spécifiquement vécue par les femmes trans ou autres personnes trans assignées homme à la naissance.
  • Le cissexisme englobe les attitudes et propos anti-trans plus subtils, découlant de la cisnormativité, c’est-à-dire l’idée selon laquelle toutes les personnes seraient cisgenres. Parler d’organes génitaux comme synonyme du genre est une forme de cissexisme.

Ces oppressions interagissent avec d’autres oppressions vécues par les jeunes trans, tels que la race, l’ethnicité, la sexualité, la capacité, la citoyenneté, etc. 

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Intersectionnalité

  • S’inscrivent dans la pensée féministe noire (Crenshaw, 1991; Collins, 2000; Collins et Bilge, 2016), l’intersectionnalité soulève la manière dont les catégories sociales basées sur la race, l’ethnicité, le genre, la sexualité, la capacité, la citoyenneté, etc., s’entrecroisent et entrainent des conséquences nuisibles, notamment pour les personnes qui vivent de l’oppression sur plusieurs plans.
  • La lentille intersectionnelle permet de mieux comprendre comment l’identité de genre interagit avec d’autres catégories sociales, entraînant l’allocation inégale des ressources ainsi que l’accès différentiel aux soins de santé et de services sociaux, notamment pour les jeunes trans racisés, migrants et en situation d’handicap.
  • L’intersectionnalité permet aux travailleurs sociaux de mieux comprendre les réalités complexes des jeunes trans et de développer des pistes d’intervention qui tiennent compte de leurs appartenances et identités multiples.
  • L’intersectionnalité permet également de militer contre les multiples oppressions (Collins et Bilge, 2016; Moradi et Grzanka, 2017). 

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Citations

« Parce que, pour moi, mon genre, il ne fluctue pas. Je sais qu’il a des gens pour qui ça fluctue, mais ce n’est pas mon cas. Fait que, […] ce que je fais  » transitionner « , c’est mon expression de genre. Donc au début j’avais une expression de genre plutôt masculine, qu’on m’avait imposée. Puis du coup je la fais changer pour avoir une expression du genre plus féminine, donc ça passe par les vêtements et, tranquillement, par le vocabulaire. Puis, les vêtements et tout ça, tout ça! »

– Marie, 24 ans, femme.

« La dysphorie me met dans une phase où je suis très mal à l’aise avec mon corps et… je me sens pas bien dans ma peau. Je ressens beaucoup de honte autour de qui je suis en tant que personne. Je me sens comme si chaque petit aspect de ma vie était un combat. Oui, je ne sais pas. Je ne me sens pas bien. »

– Josh, 23 ans, personne transmasculine.

« Je me sens trans et non binaire, et je sais que d’autres personnes se sentent comme moi, mais que d’autres personnes se sentent très non-binaires, et pas trans. »

– Sam, 21 ans, personne transmasculine.

« Ben quand je parle avec des personnes, j’dis que j’suis un gars trans… qui est né fille, mais qui est rendu un gars maintenant… Depuis que j’ai l’âge de 4-5 ans, j’suis sûr que j’suis un gars, mais je l’ai dit juste l’année passée à mes parents. »

– Éric, 15 ans, gars trans.

Dessin d’Olie, 11 ans.

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LumièrePistes d’intervention

  • Respecter l’autodétermination de la personne :
    • Il importe de respecter le prénom choisi par la personne, prénom qui peut être différent du prénom officiel inscrit aux documents d’identité.
    • Il est aussi important d’utiliser les pronoms (il, elle, iel) demandé par la personne, et de porter attention au genre linguistique (masculin, féminin, neutre) et les termes identitaires de son choix (trans, transexuel, non binaire). 
    • Il faut éviter de mettre de la pression sur cette personne, pour qu’elle soit en mesure d’exprimer son genre comme cela lui convient.
  • Avec une personne trans, il faut éviter de référer à son genre assigné à la naissance. Il faut plutôt faire référence à son identité de genre. Par exemple, on ne dit pas «un homme devenu femme», on dit une femme, ou une femme trans, ou selon la manière dont la personne s’identifie.
  • Éviter de poser des questions sur les organes génitaux, à moins que cela soit nécessaire, par exemple, en contexte des soins relatifs à la santé sexuelle.

S’assurer d’entreprendre une réflexion critique sur son positionnement social, notamment sur sa propre identité de genre, aux privilèges qui pourraient s’y attacher, et l’impact que cette celle-ci pourrait avoir sur le jeune auprès de qui on intervient.

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Références

 

 

Voir aussi :

 

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