En tant que travailleuse sociale en Groupe de médecine de famille (GMF), les déterminants sociaux de la santé (DSS) sont au cœur de ma pratique. Mon travail consiste principalement à faire de l’intervention brève auprès de personnes de tous âges vivant différents problèmes. Par exemple, les gens peuvent avoir reçu un diagnostic de dépression, vivre de l’anxiété situationnelle, un épuisement professionnel, un deuil, des difficultés conjugales, des difficultés parentales ou encore connaitre des problèmes financiers.
Mes interventions s’adaptent au contexte environnemental, social, relationnel et personnel des gens, en réponse à leurs besoins. En plus de procurer un soutien à la personne en lien avec une maladie chronique par exemple, je peux aussi soutenir ses proches aidants et donner de l’information sur les organismes communautaires ou ressources d’aide de notre MRC, incluant les groupes de défense de droits. Dans le cas d’une demande liée à la réorganisation de vie post-rupture amoureuse, les besoins sous jacents peuvent être d’obtenir des conseils ponctuels pour savoir quelles sont les étapes d’un deuil de séparation et des conseils pratique pour s’en sortir, d’obtenir de l’information sur la médiation familiale et les services juridiques, de connaître les ressources pouvant aider à la recherche d’une nouvelle maison ou logement, etc.
J’utilise une approche à court terme fortement inspirée du modèle de l’entretien motivationnel. Mon travail permet de semer des « graines d’espoir » et à favoriser l’empowerment des gens. Ils reprennent alors confiance en eux et en leurs capacités à résoudre leurs problèmes. Ils apprennent aussi à bien utiliser leur réseau familial, social et/ou communautaire.
La collaboration multidisciplinaire :
pour mieux répondre aux besoins des usagers
Le travail en équipe multidisciplinaire comporte de nombreux avantages. D’abord, l’accès pour un professionnel à l’expertise de collègues tels que médecins, infirmières, inhalothérapeutes, pharmaciennes ou nutritionnistes ce qui permet d’obtenir des réponses plus précises et mieux adaptées aux problématiques ciblées. Cette collaboration est avantageuse tant pour la personne que pour les professionnels impliqués dans le suivi.
Puis, je constate que sans les références de mes collègues en GMF, la plupart des patients ne seraient pas venus me rencontrer. Je peux ainsi agir comme « porte d’entrée » pour l’accès aux services psychosociaux. Mon travail leur permet de se familiariser avec le rôle d’une travailleuse sociale, d’avoir un lieu et un temps pour s’exprimer, être écoutés, soutenus et orientés vers le service approprié en cas de besoin.
Outre la coopération vécue au quotidien avec l’équipe multidisciplinaire, j’ai aussi la chance de travailler en collaboration dans le cadre de projets spécifiques. Par exemple, avec d’autres professionnels, nous offrirons un tout nouveau cours offert à des personnes vivant avec une maladie pulmonaire obstructive chronique (MPOC). Nous sommes tous fébriles à l’idée de pouvoir mettre nos expertises en commun dans le but d’aider un groupe de patients et leurs accompagnateurs à mieux composer avec leur maladie, en tenant compte de leur condition de santé globale et de leurs conditions de vie. Nous espérons ainsi que les connaissances transmises les aideront à obtenir une meilleure qualité de vie, à préserver leur autonomie fonctionnelle le plus longtemps possible, à être plus confiants et mieux savoir quel intervenant ou ressource contacter si nécessaire.
Ma contribution au sein de l’équipe
En collaboration avec le personnel médical, j’aide les usagers à mieux comprendre les liens intrinsèques entre la santé psychologique et physique. Il s’agit surtout des facteurs liés au style de vie personnel, mais aussi, des facteurs sociaux qui les influencent. En considérant l’ensemble de leurs diagnostics, leur condition de santé, leurs capacités et limitations physiques, leur contexte de vie (ex. : occupation, études ou arrêt de travail), il s’agit de leur faire prendre conscience que le corps humain est un tout et qu’il a besoin d’être en bonne santé mentale et physique pour bien fonctionner. Je les amène alors à réfléchir aux aspects sur lesquels ils peuvent agir et s’améliorer, tel que d’adopter de meilleures habitudes de vie, sommeil, alimentaires. Nous discutons de l’importance d’une adhésion aux traitements, de l’approche de la réduction des méfaits, de s’accorder du temps et de faire des activités qu’ils aiment. Je les aide aussi à trouver la motivation nécessaire pour adopter une meilleure hygiène de vie et ainsi contribuer à l’amélioration de leur bien- être. « Un esprit sain dans un corps sain », telle est ma devise.
Je joue aussi un rôle important comme travailleuse sociale auprès des gens pouvant vivre dans un contexte d’exclusion sociale et/ou financière. Il arrive trop souvent que ces personnes aient dû traverser des barrières de jugement social avant de nous rencontrer, d’où l’importance de faire preuve d’empathie, d’accueil et d’ouverture, de reconnaître la discrimination et la stigmatisation.
Les défis
La principale lacune que j’ai observée réside dans les alternatives pour pallier les difficultés financières, car il existe bien peu de moyens tangibles pour y parvenir. La crise du logement qui sévit actuellement a aussi un impact important sur notre clientèle aux prises avec des difficultés de cet ordre. Nous avons la chance d’avoir une gamme intéressante de ressources communautaires dans notre MRC, lesquelles agissent sur les déterminants sociaux de la santé. Mais plusieurs ont souvent de la difficulté à obtenir les fonds nécessaires pour maintenir la disponibilité de leurs services. De plus, les nouvelles mesures d’austérité amenées par le gouvernement actuel font en sorte que certaines ressources doivent resserrer leurs critères d’éligibilité, voire même, réduire leur personnel. Ces restructurations n’ont rien de rassurant et nos précieuses ressources communautaires vont devoir redoubler d’effort pour assurer une qualité de leurs services, voire même, survivre. Je souhaite de tout cœur qu’elles continuent d’exister, car elles sont parmi mes principaux alliés pour aider les usagers à travers leurs multiples difficultés psychologiques, physiques et sociales.