Quand j’ai lu le sujet de ce dossier, « Rêver les services sociaux? », j’ai tout de suite pensé qu’on recevrait beaucoup de textes avec des suggestions d’amélioration de nos services sociaux. Franchement! Connaissez-vous un seul travailleur social qui n’ait jamais pensé s’exprimer sur ce sujet? C’est avec ce désir de changer et d’améliorer que la majorité d’entre nous arrivons dans cette profession. Malheureusement, même si c’est notre principale motivation, elle est souvent mise à l’épreuve. Malgré cela, nous n’abandonnons pas nos rêves, nos ambitions, nos idéaux.
En nous appuyant sur nos formations, nos spécialisations et nos expériences, nous pouvons aisément concevoir les défis et les solutions pour les secteurs du travail social avec lesquels nous sommes plus familiers. Par exemple, mes deux domaines favoris sont le travail avec les immigrants et avec les aînés. J’en connais les points forts et les points faibles, et je suis prête à suggérer des améliorations de services pour ces clientèles. Pourtant, en choisissant le domaine sur lequel je voudrais partager mes rêves dans ce Bulletin, je constatais que leur réalisation était très souvent liée à des joueurs en dehors du système de santé et de services sociaux. En parcourant la liste des ministères, j’en suis venue à la conclusion que de multiples projets en travail social avaient besoin de l’aide de ces organismes.
Une pensée systémique, holistique et créative : c’est la force du travail social!
Dès les premiers moments de notre formation professionnelle, nous apprenons à analyser les problèmes de façon globale, à découvrir des liens entre des domaines très variés, à voir grand. Nous utilisons cette approche au niveau individuel, familial, communautaire et même sociétal. Mais, pour que nos rêves se réalisent, il nous faut des partenaires qui partagent cette perspective globale, qui savent voir les liens existants dans notre société.
Le titre de cet article, « Popularisation du travail social » réfère justement à cette idée de porter les éléments du travail social au grand public afin de nous assurer son soutien. Le travail social est une profession qui concerne tout le monde parce qu’elle aide à développer « une conscience critique par la réflexion sur les sources structurelles d’oppression et/ou de privilèges ainsi que le développement de stratégies d’actions visant l’élimination de ces barrières structurelles et personnelles… »1. C’est une profession qui fait découvrir la dynamique entre l’individu et son environnement.
Partager et populariser nos connaissances
Si nous voulons voir des changements dans les services sociaux, il faut en préparer le fondement, les assises. Les rêves ne se réalisent pas si l’idée n’est pas partagée par les participants, surtout à cause du manque d’une vision globale. La popularisation de n’importe quelle science est avantageuse. Comme le bilan sur « La culture scientifique et technique au Québec » le dit si bien, « l’acquisition d’une solide culture scientifique et technique donne à chacun la possibilité de gérer sa vie et d’interpréter la complexité du monde qui l’entoure ».2
Il faut donc partager et populariser nos connaissances si nous voulons que nos partenaires et notre clientèle soient plus engagés et actifs, contribuant ainsi à accélérer les changements sociaux. Les idées du travail social doivent être intégrées aux curricula des établissements d’éducation, peu importe le domaine. Nous vivons dans un monde interdépendant où chaque décision peut influencer la vie des autres. Avoir des éléments du travail social dans l’agenda éducatif et professionnel est une façon de prendre en considération le bien-être des gens et le bon fonctionnement d’une société responsable.
Rêver les services sociaux? Rêver les changements sociaux? Faire les démarches nécessaires? Oui, il faut tout cela! Mais la démarche la plus importante, à mon avis, qui assurera le succès des changements sociaux, est le développement d’une mentalité sociale orientée davantage vers le bien-être public, le développement d’une mentalité globale et holistique à l’aide de popularisation du travail social.