N.D.L.R. : Ce texte est le premier d’une série de trois qui portent sur le Forum sur la maltraitance matérielle et financière envers les personnes aînées, qui se tenait à Québec le 22 février 2018
À l’invitation de la ministre responsable des aînés et de la Lutte contre l’intimidation, Mme Francine Charbonneau, la présidente de l’Ordre des travailleurs sociaux et des thérapeutes conjugaux et familiaux du Québec, Mme Guylaine Ouimette, T.S., a participé à titre de panelliste au premier Forum sur la maltraitance matérielle et financière envers les personnes aînées tenu à Québec le 22 février et auquel prenait part une centaine d’intervenants. L’objectif était de dégager des pistes de solution pour contrer le phénomène et de mobiliser tous les acteurs pour qu’ils interviennent de manière concrète et concertée pour contrer la maltraitance matérielle et financière commise à l’endroit des personnes aînées. La tenue de ce forum est une des mesures prévues au Plan d’action gouvernemental pour contrer la maltraitance envers les personnes aînées 2017-2022, lancé en juin dernier. Trois grands thèmes étaient à l’ordre du jour : INFORMER sur la maltraitance matérielle et financière et PRÉVENIR celle-ci, REPÉRER la maltraitance matérielle et financière et enfin INTERVENIR en cas de maltraitance matérielle et financière.
Outre la ministre responsable des aînés et de la Lutte contre l’intimidation, Mme Francine Charbonneau, le panel d’experts était composé des représentants de l’Autorité des marchés financiers, de la Financière Banque Nationale, du Curateur public, du ministère de la Justice, du Regroupement des commissaires aux plaintes et à la qualité du Québec, de la Conférence des Tables régionales de concertation des aînés du Québec, de la Chaire de recherche Antoine-Turmel sur la protection juridique des aînés, du Secrétariat aux aînés du ministère de la Famille et enfin de trois ordres professionnels, soit la Chambre des notaires, l’Ordre des comptables professionnels agréés et notre ordre.
Lors de ce forum, la présidente de l’Ordre a précisé à l’auditoire que par leur proximité, leur expertise et la nature de leur travail, les travailleurs sociaux sont régulièrement appelés à intervenir dans des situations potentielles ou avérées de maltraitance, notamment de maltraitance matérielle et financière. Cette forme de maltraitance constitue un phénomène qui n’est pas nouveau, qui demeure complexe et délicat, apparaissant parfois clair et sans équivoque, mais qui se manifeste souvent de manière subtile, pernicieuse et difficile à reconnaître.
Thème 1 : Informer sur la maltraitance matérielle et financière et la prévenir
À ce sujet, nous avons précisé l’importance pour le gouvernement de commander une campagne nationale d’information et de sensibilisation du grand public, et des aînés en particulier, et de s’assurer de sa large diffusion en variant les moyens de communication. Cette campagne devrait mettre l’accent sur la bientraitance, le respect des personnes aînées, de leurs droits et de leurs biens, tout en énonçant le caractère inacceptable de la maltraitance matérielle et financière. Enfin, cette campagne devrait présenter des exemples concrets pour reconnaître la maltraitance et diffuser les coordonnées d’une ressource unique à contacter, soit la ligne Aide Abus Aînés. L’Ordre a également proposé de constituer un Carrefour national d’information, de ressources, d’expertise, de recherche et de référence tant pour les personnes aînées que pour la population en général ainsi que pour l’ensemble des professionnels et intervenants.
Le support aux proches aidants
Étant donné que la maltraitance matérielle ou financière est souvent l’action d’un proche, mais vivant lui-même des difficultés et ayant besoin d’être aidé et soutenu, l’Ordre a recommandé d’améliorer les services et les ressources aux aidants naturels. Nous avons aussi suggéré d’explorer diverses possibilités pour faciliter ou rendre obligatoire la mise en place des mesures de reddition de compte annuelle pour les personnes agissant comme mandataires (mandat de protection), précisant que la transparence est un bon outil pour favoriser l’identification d’abus financier.
Sur le plan légal, l’Ordre a avancé l’idée que le travailleur social puisse vérifier systématiquement les antécédents judiciaires d’un mandataire dans le cadre de son évaluation psychosociale en vue de l’homologation d’un mandat de protection. De plus, pour étendre le filet de protection des aînés, l’Ordre a suggéré de miser sur la création d’un réseau de sentinelles pour informer les aînés et les diriger vers un guichet unique, comme la ligne Aide Abus Ainés. Ces réseaux pourraient être composés de citoyens ou encore de professionnels en mesure d’agir et ayant un contact soutenu et personnel avec les personnes âgées. À titre d’exemple, il pourrait être composé de préposés aux bénéficiaires, de pharmaciens, d’intervenants en soutien et services à domicile, de coiffeurs, etc.
Guylaine Ouimette a rappelé aux participants l’importance de briser l’isolement de la personne aînée et de développer un réseau communautaire. Il est indispensable de mobiliser toute la communauté pour prendre soin de nos personnes aînées puisque favoriser le maintien et l’élargissement du réseau social de la personne aînée est un facteur de protection. Tout doit donc être mis en œuvre pour informer, promouvoir et défendre les droits des aînés, que ce soit le droit à l’autonomie et à l’autodétermination, à la protection contre l’exploitation, à la jouissance paisible et à la liberté de disposer de ses biens – sauf exception – et enfin le droit d’être protégé contre toute forme d’exploitation. Sur ce premier thème, les participants ont conclu que le phénomène de maltraitance matérielle et financière des personnes aînées est en croissance et que la valeur des abus est importante. Plusieurs personnes aînées ne sont pas adéquatement informées et l’isolement social constitue un facteur de risque important.