
En 2009, dans le cadre de son colloque Oser, Agir, notre ordre professionnel accueillait une conférencière de grande réputation soit Mme Monique Bégin, ministre de la Santé et du Bien‑être social (1977) et membre de la Commission sur les déterminants sociaux de la santé de l’Organisation mondiale de la santé. Dix ans plus tard, son discours est toujours d’actualité. À cet effet, voici certains extraits particulièrement intéressants…
«La valeur célébrée directement ou indirectement par nos élites est celle de la réussite individuelle, soit-elle financière, sociale ou autre. Nous sommes depuis des années dans l’individualisme à tout crin. Il n’y a de là qu’un pas pour blâmer la victime et pour devenir vacciné contre la justice sociale. (…) Nous avons acheté l’idéologie du marché comme mécanisme sacré de l’économie et partant, du progrès. Faux; nous devrions le savoir depuis l’automne dernier (crise financière 2008). Cette même idéologie veut que le secteur privé sauve le secteur public. Balivernes, il ne peut même pas se sauver lui-même! Elle demande aussi la réduction du secteur public, du rôle du gouvernement, des taux de taxation. Depuis quand les corporations font-elles dans le service social?
(…) Il faut faire revivre une valeur de solidarité sociale partagée par le plus grand nombre. On ne doit jamais sous-estimer le pouvoir des faibles. La société civile a été instrumentale dans tous les grands changements sociaux du monde moderne. Pour moi, certaines professions, certains métiers, certaines responsabilités appellent obligatoirement un militantisme, un activisme social. C’est impossible de faire un bon travail comme travailleur social, travailleuse sociale, sans être engagé-e dans l’action. Ce n’est pas une profession pour rester neutre.
(…) Vous devez trouver, et je sais que vous trouverez, les moyens de protéger votre monde, les sans-voix. Ne perdez jamais de vue l’importance du savoir des humbles, des gens ordinaires, de ceux et celles que vous appelez vos clients et que le système, trop souvent, considère comme étant des irresponsables, alors que leur logique et leurs raisons d’agir ou de ne pas agir valent au moins les nôtres! Je vous souhaite d’être un peu délinquant-es sur les bords pour plus de justice sociale; tant de gens comptent sur vous!».
Quelques moments importants dans la carrière de Mme Monique Bégin
1967 Première femme nommée secrétaire générale d’une Commission royale d’enquête, la Commission Bird, sur le statut de la femme;
1972 Première québécoise élue à la Chambre des communes;
1977 Première ministre de la Santé et du Bien-être social;
1984 Fait adopter la première Loi de la santé au Canada dont les 5 grands principes demeurent les mêmes en 2019 : l’universalité, la gratuité, l’intégralité, la transférabilité et l’obligation, pour les provinces, de faire gérer la santé par un organisme totalement public;
2003 Nommée membre de la Commission internationale indépendante sur la population et la qualité de vie;
2005 Nommée par l’Organisation mondiale de la santé comme membre de la Commission sur les déterminants sociaux de la santé dont le rapport s’intitule : L’injustice sociale tue à grande échelle;
2009 Nommée Membre Honoraire de l’OTSTCFQ