
«Au nom de la dignité des personnes ayant demandé l’aide médicale à mourir, les travailleurs sociaux qui les accompagnent réclament l’harmonisation rapide des lois québécoise et canadienne. De leur point de vue, cette double législation entraîne du stress inutile dans des situations déjà délicates et peut même, à l’occasion, brimer le droit à l’autodétermination de ces personnes».
C’est ce qu’a défendu la présidente de l’Ordre des travailleurs sociaux et des thérapeutes conjugaux et familiaux du Québec, Mme Guylaine Ouimette, travailleuse sociale, lors d’une rencontre à Québec, le 21 février, alors qu’elle rencontrait la ministre de la Justice, Stéphanie Vallée et son collègue de la Santé et des Services sociaux, Gaétan Barrette, en compagnie de collègues du Barreau, du Collège des médecins, de la Chambre des notaires, de l’Ordre des infirmières et de l’Ordre des pharmaciens. Mme Ouimette a également soulevé le fait que les travailleurs sociaux doivent gérer l’anxiété des demandeurs de l’aide médicale à mourir (AMM) qui craignent ne plus être en mesure de donner leur consentement le moment venu, puisque la loi fédérale impose un délai de 10 jours entre la demande et l’administration de l’AMM.
Selon la présidente de l’Ordre, le moment est venu de sonder les Québécois sur la question du suicide assisté ou induit par la personne elle-même, permis dans la Loi fédérale C-14, mais écarté du débat tenu dans la société québécoise.
«Nous craignons que la situation actuelle ne dégénère, alors que de plus en plus de proches de personnes en fin de vie pourraient commettre des gestes allant à l’encontre du Code criminel, même s’ils sont guidés par la compassion».
Mme Ouimette a rappelé avec fierté le rôle majeur joué par l’Ordre dans ce débat depuis le début. Déjà, en 2012, mon prédécesseur, Claude Leblond, T.S., déclarait ceci à l’Assemblée nationale :
«Nous croyons que la société québécoise est prête à reconnaître à une personne le droit de se poser comme maître de sa propre vie jusqu’à lui permettre de décider quand y mettre fin, de façon volontaire, en toute liberté, quand la fin est inéluctable et quand elle désire surseoir aux souffrances et à la perte de dignité qui accompagnent souvent le processus de fin de vie. C’est ce qu’on appelle le droit à l’autonomie et à l’autodétermination et pour nous ce droit est inaliénable».
En terminant, Mme Ouimette se dit rassurée de constater que les ordres concernés s’entendent pour réclamer du gouvernement du Québec qu’il entreprenne les démarches légales et sociétales nécessaires afin d’harmoniser les deux lois en présence et ainsi faire en sorte que le Québec devienne un exemple pour l’accès à l’aide médicale à mourir, sans que le fardeau juridique ne soit porté par les personnes concernées, leurs proches ou les professionnels, dont les travailleurs sociaux :
«Il faut se réjouir de l’ouverture manifestée par le ministre de la Santé et des Services sociaux, Gaétan Barrette, quant à l’idée de lancer un débat public et non partisan sur la pertinence de légaliser l’aide médicale à mourir pour les personnes incapables de donner un consentement éclairé, comme les malades atteints de la maladie d’Alzheimer. C’est un dossier que nous suivrons de très près et un débat auquel nous participerons».