Budget Québec 2018 : Les services sociaux généraux et les besoins en santé mentale complètement occultés

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Même si le dernier budget déposé par le ministre des Finances du Québec, M. Carlos Leitão, annonce des investissements additionnels de 3,6 milliards $ en santé et services sociaux au cours des cinq prochaines années, nous constatons qu’une fois de plus le secteur de la santé physique recueille la plus grosse part du gâteau. Dans ce budget où l’argent coule à flots, il est inconcevable de constater l’absence de considérations pour les clientèles vulnérables, alors que les coupes budgétaires des dernières années et la restructuration du réseau de la santé et des services sociaux ont provoqué des torts quasi irréparables aux services en santé mentale. Le même scénario se répète chaque année et les services sociaux sont toujours le parent pauvre du tandem santé et services sociaux. Rien de concret pour les enfants, les adolescents, les jeunes en Centres jeunesse, les aînés en perte d’autonomie qui ont tant besoin de protection et de services et les adultes aux prises avec des problèmes de santé mentale.

Nous saluons la volonté de l’État de réinvestir pour venir en aide aux personnes de 70 ans et plus, notamment par l’abaissement de 500 $ à 250 $ du montant à partir duquel elles peuvent réclamer un crédit d’impôt pour l’achat ou la location de biens visant à prolonger leur autonomie. De plus, les coûts liés à l’achat de systèmes d’avertissement pour malentendants et de prothèses auditives seront maintenant couverts par le crédit d’impôt, de même que les dispositifs non motorisés d’assistance aux déplacements. Malheureusement, ces mesures ne font pas le poids face à l’ensemble des besoins des personnes aînées. Il faut garder en tête que nous partons de loin, alors que le Québec est dernier de classe, au Canada, en ce qui concerne les soins à domicile. Rappelons-nous les constats de la Protectrice du citoyen, dans son rapport de 2016, voulant que seulement la moitié des personnes ayant des besoins à ce chapitre reçoivent les services requis. Le rattrapage nécessitera un effort constant pendant de nombreuses années.

Les services sociaux : un investissement

Les services sociaux regroupent une gamme d’interventions sociales et communautaires de nature préventive, curative, de traitement et de réadaptation. Il s’agit de services courants d’aide aux personnes vivant divers problèmes sociaux d’ordre personnel, interpersonnel, conjugal et familial. On peut penser notamment aux personnes vivant des problèmes d’itinérance, de dépendance, liés à l’emploi, à la violence, à la pauvreté, à l’hébergement, à la perte d’autonomie, à l’intégration sociale, aux transitions de vie, etc. Ainsi, les services sociaux se déploient à travers tous les épisodes de soins : de l’urgence au domicile, en passant par des programmes spécifiques généraux et spécialisés, dans tous les domaines d’intervention : scolaire, communautaire, hospitalier, etc., auprès de personnes de tous âges : enfants, jeunes, adultes, personnes aînées et qui vivent différentes réalités : immigration, déficience, périnatalité, fin de vie, etc.

De nombreuses études démontrent que les services sociaux généraux contribuent directement à réduire les inégalités sociales, améliorant ainsi le bien-être des individus et de la société. Inversement, des coupes massives au niveau de la sécurité sociale et de l’accessibilité des services sociaux généraux ont pour effet d’exacerber les problématiques vécues par un grand nombre de personnes : jeunes et familles en difficulté, personnes âgées vulnérables et personnes aux prises avec des limitations, personnes en situation de pauvreté, personnes vivant divers problèmes sociaux (santé mentale, dépendances, itinérance, violence, etc.) pour qui les besoins sont criants et qui sont ballottées entre le CLSC, l’hôpital, les organismes communautaires, etc.

En conclusion, nous réclamons à nouveau un réinvestissement majeur et immédiat pour rétablir à un niveau acceptable l’offre de services sociaux généraux et en santé mentale afin que la population ait accès à des services adéquats plutôt que de végéter sur des listes d’attentes. Il est urgent de raccommoder le filet de protection sociale et de recentrer l’offre de services en fonction des besoins réels de toutes les clientèles et des personnes vulnérables en particulier.

 

Mme Guylaine Ouimette, T.S., présidente
Ordre des travailleurs sociaux et des thérapeutes conjugaux et familiaux du Québec
4 avril 2018