Cette lettre ouverte, signée de Guylaine Ouimette, T.S., présidente de l’OTSTCFQ, est une réaction à l’article intitulé « Un homme de Saguenay propose de démanteler la DPJ », publié dans le journal Le Quotidien, le vendredi 29 novembre.
Chacun a droit de s’exprimer, de voir les choses à sa façon et tous les travailleurs sociaux respectent ce droit fondamental. Mais ce droit ne devrait pas être assimilé à des accusations, à une forme de procès. Si l’on comprend par les propos du père de famille non identifié dans l’article, qu’il éprouve un goût très amer à la suite d’une expérience personnelle vécue avec la DPJ, certains de ses commentaires sont non seulement injustes, ils sont erronés.
Oui, le signalement d’une situation portée à l’attention de la DPJ est confidentiel… et non, cette confidentialité ne vise pas à « mettre le trouble ou à brouiller les cartes ». Le signalement est un geste sérieux, grave même. Or, si nous souhaitons, comme société, que des personnes jouent un rôle de sentinelles dans leur entourage, il faut protéger ces personnes de ceux qui sont ciblés par le signalement. Pour certains cas à la marge ou qui connaissent des ratés, il faut réaliser que, chaque jour, des enfants sont littéralement sauvés grâce à ces signalements bienveillants, grâce à l’intervention des travailleurs sociaux (T.S.), qui interagissent avec plusieurs autres professionnels, incluant les policiers, des partenaires incontournables en protection de la jeunesse.
Il est faux de prétendre que les T.S. « n’ont pas la formation nécessaire pour évaluer judicieusement et démêler une situation familiale souvent complexe ». Les 14 000 T.S. du Québec sont des professionnels reconnus par l’État et exercent des activités qui leur sont réservées par la loi. Ils sont tenus de respecter leur code de déontologie, d’effectuer de la formation continue, de se prêter à l’inspection professionnelle et, parfois, de faire face au syndic de leur ordre.
Il est vrai que, comme tout le monde, ces « ressources » ont justement besoin de se « ressourcer ». Ils partent en vacances, ils prennent des congés sans solde, et, eux aussi, doivent parfois s’absenter en congé de maladie, etc. Cela est compréhensible et non, répréhensible.
J’invite les lectrices et les lecteurs à penser que, chaque jour, 365 jours par année, les T.S. interviennent dans des dossiers familiaux où il n’y a rien de simple, où tout est compliqué. On parle de centaines, de milliers d’enfants en situation de vulnérabilité qui ont besoin de l’aide de travailleurs sociaux qui, eux, n’ont qu’un objectif, soit celui de les protéger. N’en déplaise à certains, protéger, voire sauver un enfant est un geste qui exige de la compassion et, encore plus, du courage. Oui, les T.S. méritent la confiance du public.