À mes irremplaçables collègues T.S. des urgences hospitalières
7:30; déjà 3 messages sur le répondeur et 7 consultations prévues. Vous courez partout, tentez de structurer la journée, mais c’est impossible, car c’est surtout après le temps que vous courez. Vous ouvrez les dossiers pour découvrir rapidement que ce sera, encore, une grosse journée; pas de lunch, pas de pause et deux heures de temps supplémentaires. Votre unité compte 6 lits et sur chacun est allongé une personne en détresse qui compte sur vous pour l’apaiser et lui redonner espoir. Appel en provenance des urgences… 4 personnes attendent d’être vues par votre service. Une maman en post-partum, un toxicomane qui souhaite cesser, une personne ayant fait une tentative de suicide et un travailleur en dépression. Tous ont de grandes attentes envers vous et espèrent que vous serez cette lumière au bout du tunnel. Et c’est exactement ce que vous êtes; une lumière. Votre empathie, votre douceur, votre écoute et votre volonté peuvent suffire à ces personnes pour reprendre le contrôle sur leur vie.
Au fil des interventions, vous devez parfois piétiner certaines valeurs, repousser vos limites et faire preuve d’une extrême patience, mais au fond, n’est-ce pas justement ça le travail social à l’urgence? Tous les jours, vous côtoyez tour à tour ce qu’il y a de meilleur et de pire chez l’être humain, mais pour vous tout ce qui importe, avant tout, c’est l’Humain. Courir, c’est votre marque de commerce; courir après les jeunes, les moins jeunes, après les collègues et après le temps… surtout après le temps. Vous invitez un client à votre bureau et le temps s’arrête; vous l’écoutez raconter sa détresse et vous lui reflétez ses forces et ses capacités. Après quelques minutes, vous réussissez à lui proposer des pistes de solutions et à lui démontrer qu’il mérite que la vie soit meilleure pour lui aussi.
Vous travaillez sans cesse sous pression; les demandes s’accumulent, le téléphone ne dérougit jamais, médecins et psychiatres veulent votre opinion, mais peu importe; ce feu roulant que vous vivez tous les jours, c’est votre carburant, c’est ce qui vous rend si fières parce que vous exercez le plus beau métier du monde!
17:30; la journée tire à sa fin; vous êtes épuisées, mais aujourd’hui encore vous avez changé la vie de plusieurs personnes. Surtout, ne l’oubliez jamais!
Hommage aux travailleuses sociales des équipes de crise
Cette semaine tu as choisi d’être de garde; après tes 8 heures de travail, tu seras disponible le soir et la nuit pour venir en aide à toutes ces personnes en détresse. Toute la semaine tu traîneras ta valise et ton téléavertisseur partout, jusque dans la douche! Tu sacrifieras tout pour rester à la maison, sur le qui-vive, disponible pour répondre à toute éventualité.
3:00 du matin; la détresse fait vibrer ton téléavertisseur et te jette hors du lit. Tu t’habilles en vitesse avant de rappeler la centrale qui t’annonce… un décès? Des idées suicidaires? Un conflit familial? Un état mental perturbé? De la violence conjugale? Une agression sexuelle? Déjà, en route, tu prépares l’intervention que tu devras faire. Arrivée sur les lieux, ils sont là, ces fantômes que tu connais si bien et ils t’attendent : la souffrance, la détresse, le désespoir. Mais tu as en toi cette capacité, ce don? de voir à travers ces monstres pour découvrir, chaque fois, l’humain rempli de belles capacités qui ne demande que de l’aide pour cesser de souffrir ou de faire souffrir les autres. En quelques minutes, tu tisses un lien suffisamment fort avec cette personne pour qu’elle s’ouvre à toi, en toute confiance. Tu acceptes de voir, d’entendre et de ressentir des choses qui feraient chavirer n’importe qui, même les plus forts, mais pas toi. Tu utilises ta force, ta résilience et ton empathie pour semer l’espoir et raccrocher cette personne à la vie. À d’autres moments, tu uses de toute la patience, l’écoute et l’amour pour ton métier afin d’avoir la force d’encaisser les méchancetés et la non-collaboration d’une personne en détresse. Mais chaque fois tu persévères, tu brises sa carapace et tu l’amènes à accepter ton aide.
6:30, sur le chemin du retour vers la maison, ton esprit repasse en boucle cette intervention que tu viens de faire; tu te remets en question; aurais-je pu faire autrement? Faire plus? Faire mieux? Mais une autre journée commence bientôt et tu dois te rendre au travail les yeux pochés, mais le cœur rempli d’amour pour ce plus beau métier du monde!