Mardi, 2 août 2016
Dans une récente Infolettre, nous avons publié la lettre adressée récemment au ministre de la Santé et des Services sociaux, M. Gaétan Barrette, par la présidente de l’Ordre, Mme Guylaine Ouimette, T.S. En réaction à quelques commentaires, Mme Ouimette tient à faire le point.
Je comprends très bien le stress et l’incertitude que vous vivez, sur le terrain, dans la foulée de la reconfiguration et de la réorganisation administrative du réseau entreprises par le ministre, sans oublier le transfert de professionnels, dont des travailleurs sociaux, au sein des groupes de médecine familiale. Je comprends également qu’à titre de professionnels responsables et à l’écoute des besoins de la population, vos craintes portent sur l’impact de ces changements quant au maintien de la quantité et la qualité des services sociaux offerts à la population.
Cela dit, il n’est pas question, pour l’Ordre ou pour moi-même, en tant que présidente, « de vous abandonner ». Toutefois, pour demeurer crédibles, nous devons travailler à l’intérieur des limites qui nous sont imposées par notre mandat règlementaire. En ce sens, nous ne pouvons intervenir directement sur l’organisation des services du réseau. Cependant, nous nous appliquons sérieusement à influencer, informer et agir auprès des décideurs afin qu’ils prennent en compte les exigences de l’exercice de notre profession, dans le respect du code de déontologie que nous souhaitons tous respecter dans le meilleur intérêt du public.
Au cours de la dernière année, mon prédécesseur, M. Claude Leblond, T.S., a multiplié les démarches et les collaborations avec les partis d’oppositions, à Québec, et avec les principales centrales syndicales pour alerter le gouvernement et l’opinion publique sur plusieurs dossiers en lien avec l’offre de services sociaux et à propos du conflit de loyauté auquel font face des travailleurs sociaux, coincés entre les exigences organisationnelles et leur code de déontologie.
Nous avons également interpellé la ministre responsable du système professionnel, Mme Vallée, afin de lui faire comprendre que le fardeau de la protection du public ne peut reposer que sur les épaules des professionnels. Nous l’avons invitée à se pencher sur une façon de nous permettre d’évaluer les milieux de travail afin de prendre en compte l’impact des conditions de pratique qui influencent directement la qualité des services. À cet effet, je vous invite à visionner la vidéo mise en ligne en juin dernier par mon prédécesseur (https://youtu.be/AYD-s1372LU) afin de bien saisir à quel point la situation nous préoccupe autant que vous.
Nous multiplions les interventions pour faire part à l’État de nos craintes quant aux impacts d’une privatisation accrue et de l’effritement de l’offre de services sociaux, noyés dans des mégastructures guidées par une doctrine de plus en plus médicalo-centriste. Nous n’avons aucunement l’intention de baisser les bras et j’ose croire que nous ferons équipe dans la dénonciation des enjeux actuels. De votre côté, vous disposez de quelques lieux pour intensifier vos actions dont, entre autres, vos conseils multidisciplinaires, qui siègent au Conseil d’administration de vos établissements, ainsi que vos syndicats.
Enfin, nous gardons ouverts nos canaux de communication avec l’État, avec le ministre de la Santé et des Services sociaux ainsi qu’avec la gouvernance clinique. Soyez convaincus, cependant, que nous demeurons extrêmement vigilants et que nous ne négligerons aucun effort pour faire entendre notre point de vue – et le vôtre – afin que tous les travailleurs sociaux puissent travailler dans des contextes propices au déploiement de leurs compétences et que le public en général – et les personnes vulnérables en particulier – aient accès aux soins et services auxquels ils ont droit, dans un système qui, encore aujourd’hui, se doit d’être universel, accessible et gratuit.
Cordialement,
La présidente Guylaine Ouimette, T.S.