Commission Laurent

«L’éradication de la maltraitance envers les enfants doit devenir une responsabilité collective»

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La mort tragique et évitable de deux enfants, en mai 2019 et en mars 2020, tous deux suivis en protection de la jeunesse, ramène à l’avant-plan les lacunes et les défis du système de protection de la jeunesse et des services qui y sont reliés. Toutefois, il serait trop simple de dire que les services de protection de la jeunesse sont malades, défectueux, brisés. Il faut plutôt redonner à cette structure d’exception les ressources et l’autonomie nécessaires pour mener à bien son mandat. C’est autour de ce message que s’articule le mémoire de l’Ordre des travailleurs sociaux et des thérapeutes conjugaux et familiaux du Québec (OTSTCFQ) présenté aujourd’hui par sa présidente, Mme Guylaine Ouimette, T.S.

Un rendez-vous incontournable
En ouverture, Mme Ouimette a déclaré que nous devons collectivement saisir ce rendez-vous incontournable pour que le Québec n’ait plus jamais à vivre de situations où « des enfants de la DPJ » perdent la vie dans des circonstances aussi tragiques. « Aujourd’hui, je prends la parole au nom des Denise, Valérie, Sandra, Martin et Jonathan et de l’ensemble de nos 15 000 membres qui s’investissent corps et âme et avec passion pour protéger nos enfants. En avril 2019, sur la base de faits troublants en provenance de nos membres, j’interpellais le ministre délégué aux Services sociaux afin de lui faire part de l’urgence de la situation, de l’impact catastrophique sur la sécurité des enfants des choix structurels, administratifs et budgétaires et pour lui rappeler l’importance d’agir impérativement avant qu’il y ait une catastrophe. Cette catastrophe est malheureusement survenue la semaine suivante. Nous étions plusieurs à craindre que de telles situations ne se produisent et nous le redoutons encore ».

Les travailleurs sociaux savent à quel point il est impossible de se restreindre à des solutions simples pour s’attaquer à des situations complexes. Aussi, les pistes de solutions et les recommandations contenues dans le mémoire de l’OTSTCFQ interpellent tous les services sociaux et de santé, toutes les instances sociales qui ont un lien avec les enfants, les jeunes et les familles ainsi que l’ensemble des citoyens. Il faut éviter de se centrer uniquement sur le secteur de la protection de la jeunesse, ses problèmes, son fonctionnement et ses erreurs afin de porter un regard global sur l’ensemble des causes. Voilà pourquoi ce mémoire repose sur un principe fondateur : les droits des enfants.

L’OTSTCFQ demande donc un engagement ferme de la part de tous les députés de l’Assemblée nationale afin que les recommandations issues des travaux de la Commission Laurent constituent une priorité gouvernementale. Nonobstant la complexité et l’ampleur des changements à apporter, tous doivent s’engager à mettre rapidement de l’avant un imposant plan d’action et à y consacrer les ressources requises afin d’optimiser les services sociaux, au bénéfice de nos enfants. 

L’OTSTCFQ recommande la création d’un « vrai » ministère des Services sociaux
Depuis 25 ans, le Québec subit un recul progressif, constant et majeur de l’offre de services sociaux. À ce titre, l’OTSTCFQ déplore le déséquilibre entre le financement des services de santé et celui des services sociaux. « Il est temps de reconnaître que négliger le social, c’est choisir d’ajouter une pression supplémentaire sur le curatif. L’hécatombe qui frappe nos aînés en hébergement en est la preuve », d’ajouter Mme Ouimette.

Les réformes-monstres ont réduit l’accès aux services sociaux généraux à la jeunesse, fragilisé les liens entre les services et causé une perte de l’essence même des programmes et services en place. Ainsi, pour l’OTSTCFQ, le moment est venu de donner aux services sociaux une place égale à celle de la santé au sein du gouvernement afin de rétablir l’équilibre entre les deux missions du ministère de la Santé et des Services sociaux. « Nous posions déjà la question en 2006 et nous revenons à la charge aujourd’hui en réclamant la création de deux ministères distincts : un ministère des Services sociaux et un de la Santé. Le gouvernement ferait ainsi la preuve qu’il accorde autant d’importance à la prévention en première ligne qu’au curatif ».

Opter pour des pratiques professionnelles de qualité
L’OTSTCFQ réclame que l’offre de services sociaux soit adaptée aux besoins et aux réalités spécifiques des jeunes et de leurs familles. Il recommande également la mise en place de conditions d’exercice optimales pour que les travailleurs sociaux soient en mesure de déployer l’ensemble de leurs compétences. À cet effet, l’OTSTCFQ a réalisé deux sondages en 2018 et en 2020 chez les travailleurs sociaux œuvrant auprès des jeunes.

Selon les résultats du sondage Léger, 80 % des répondants œuvrant en protection de la jeunesse sont insatisfaits des conditions d’exercice. La charge excessive de cas et le manque de temps pour réaliser des interventions adaptées aux situations complexes sont en cause. Considérant le nombre d’urgences, les dossiers en attente, les normes administratives, les professionnels n’ont pas le temps requis pour intervenir de façon satisfaisante ou éthique. Ils ont de la difficulté à prendre ce pas de recul pourtant essentiel à l’exercice du jugement professionnel. Ces conditions d’exercice contribuent à l’effritement de l’expertise et mettent également en péril la qualité des pratiques sociales.

Ces conditions, astreignantes et contraignantes, freinent le déploiement de pratiques appuyées sur les connaissances scientifiques récentes. Cette situation, désormais documentée, est encore plus grave en contexte de protection de la jeunesse.

Le respect des droits des enfants doit redevenir la priorité de notre société
L’OTSTCFQ est profondément convaincu que le respect des droits des enfants, le respect de leur intégrité physique et psychologique, doit redevenir la priorité de notre société. Priorité dans le discours, priorité dans les actions et leur financement. Dans la poursuite de ses activités visant la protection de public, l’OTSTCFQ entend s’investir dans les actions qui découleront des recommandations de la Commission et pour lesquelles il a des leviers et une légitimité d’intervention.

« La Commission spéciale sur les droits des enfants et la protection de la jeunesse, le gouvernement du Québec, les communautés, les familles et, en premier lieu, les enfants peuvent compter sur l’Ordre des travailleurs sociaux et des thérapeutes conjugaux et familiaux du Québec pour contribuer au rétablissement des droits des enfants, à leur intégrité, à leur sécurité », de conclure Mme Ouimette.

Un mot sur l’OTSTCFQ
L’Ordre des travailleurs sociaux et des thérapeutes conjugaux et familiaux du Québec regroupe plus de 15 000 membres. Son mandat est d’assurer la protection du public. Les travailleurs sociaux œuvrent majoritairement dans le réseau de la santé et des services sociaux. Ils exercent également en milieu communautaire, en pratique autonome ainsi que dans les milieux de l’enseignement et de la recherche, alors que les thérapeutes conjugaux et familiaux exercent en grande partie dans le secteur privé, en pratique autonome.

 

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Source : Luc Trottier
Directeur des communications, OTSTCFQ
[email protected]
514 943-1435

Pour télécharger le mémoire de l’OTSTCFQ cliquez sur ce lien :  https://www.otstcfq.org/Memoire-Commission-Laurent