COVID-19 – Message de la présidente de l’OTSTCFQ, Guylaine Ouimette, T.S. – Des fleurs pour vous, des pleurs pour nos aînés | 14 avril 2020

Publié le

Bonjour chères et chers membres,

Un mot pour vous dire que nous continuons notre proche collaboration avec le MSSS, plus précisément avec les cabinets de la ministre McCann et du ministre Carmant. Quant au cabinet de Mme Blais, on nous a simplement référés à la ministre en titre.

Les choses semblent s’aplanir, pour utiliser un mot à la mode, même si rien n’est simple, que certaines initiatives, décisions et actions sont questionnables. Avec mon équipe, nous faisons notre gros possible pour communiquer vos réalités, échanger avec les décideurs, proposer des solutions. Tout pour aider et pour vous rappeler que votre contribution sauve des vies et élargit grandement la protection du public! Je veux aussi vous encourager à tenir le coup sachant que la protection des personnes vulnérables est la mission que nous partageons.

Nous savons que les choses sont difficiles et que cette situation extraordinairement dramatique vous en demande beaucoup comme professionnels. Qui plus est, dans les circonstances, le gouvernement a pris les grands moyens pour venir en aide aux personnes âgées qui résident dans des établissements. En ce moment, les enseignants seront également ajoutés en renfort. Plusieurs d’entre vous nous ont signalé le fait d`être réaffectés dans les CHSLD à des tâches autres que celles relevant du travail social. Si cela est votre cas, je veux que vous sachiez que vos gestes, votre contribution, sont d’une extrême utilité pour ces « clients » déjà isolés de leurs familles et de leurs proches aidants. Je suis convaincue que s’ils le pouvaient, ils vous diraient un merci sincère de vous occuper d’eux, en prendre soin et protéger leur dignité. Leurs regards, leurs mains tendues, leurs sourires que je vous invite à imaginer vous donneront le courage et la fierté d’accomplir ces tâches.

En ce qui me concerne, je ressens une profonde révolte face à la façon dont on traite, ou plutôt la façon dont on ne traite pas, nos aînés dans plusieurs résidences publiques et privées. En janvier 2017, en commission parlementaire sur le projet de loi 115 visant à contrer la maltraitance auprès des personnes aînées vulnérables, j’exprimais les inquiétudes de l’Ordre face à la maltraitance institutionnelle et l’impact sur le droit à l’autodétermination des personnes. Voici un extrait du mémoire présenté alors :

« À l’instar de plusieurs autres organisations, l’OTSTCFQ croit qu’une partie du problème de maltraitance des personnes aînées est attribuable aux conditions dans lesquelles doivent travailler les gestionnaires, les professionnels et l’ensemble des intervenants; conditions exacerbées par les nombreuses réorganisations du système public de santé et de services sociaux, les coupes budgétaires, les mesures d’optimisation, etc. « L’État délègue des mandats aux établissements sans se soucier des conditions d’application de ses politiques ni des conditions dans lesquelles le personnel doit assumer ses tâches. Or, l’imputabilité des établissements, et des gestionnaires, est un élément important. Sans verser dans l’anecdotique, pensons à ces personnes aînées forcées de porter des produits d’incontinence parce que le personnel n’arrive pas à les accompagner à la salle de bain suffisamment rapidement, ou encore celles qui sont attachées à leur fauteuil, de peur qu’elles ne chutent, alors qu’elles sont encore capables de se déplacer. Enfin, est-il normal que le contexte de pratique fasse qu’on ait de moins en moins le temps d’échanger avec les familles sur les conditions associées à une maladie ou à la perte d’autonomie, sur les risques associés aux pertes progressives et sur les choix d’interventions qui seront à faire? Est-il normal qu’on ne puisse presque plus discuter avec les familles de leurs inquiétudes sans passer par un lourd processus administratif et avant qu’une situation ne devienne conflictuelle? Au-delà d’une volonté politique réelle d’agir sur la maltraitance, l’État doit se donner les moyens d’atteindre ses objectifs. »

Aujourd’hui, notre inquiétude s’est transformée en effarement. Tout cela nous rapproche de notre propre vieillissement et de ce qui pourrait nous attendre si les choses ne changent pas catégoriquement. Je formule le vœu que cette crise sonne la fin de cet état de misère que vivent trop souvent nos aînés, et que le Québec se mette à l’ouvrage immédiatement avec des solutions précises, concrètes et applicables.

Par exemple : cessons d’en parler et que soit établi un ratio de personnel par résidents; que les commissaires aux plaintes jouissent de pouvoirs accrus pour colmater les failles des établissements publics et qu’ils soient en mesure d’agir fortement face aux malveillants du privé; que tous les pouvoirs soient donnés aux instances appropriées, dont les policiers, pour intervenir directement à la suite d’un signalement sérieux, et qu’une trajectoire de services soit prévue et déjà en place dans chaque CISSS et CIUSSS pour accueillir les résidents en souffrance; qu’un « palmarès des établissements » avec statistiques à jour et en continu soit effectué et rendu public par le MSSS.

Ce ne sont que quelques idées, mais nous savons déjà que les travailleurs sociaux sont essentiels à ces interventions et la(le) ministre responsable aurait grand intérêt à nous écouter! Finalement, à l’heure où l’on s’interroge, avec raison, sur la façon de mieux protéger nos jeunes, OUI à une commission d’enquête pour protéger nos aînés.

Que la bienveillance institutionnelle remplace une fois pour toutes la maltraitance, la malveillance. À ce moment-là, on pourra peut-être vraiment dire : ça va bien aller.

Votre présidente,
Guylaine Ouimette, T.S.

FOIRE AUX QUESTIONS

Le personnel de l’Ordre met à jour quotidiennement les informations pertinentes contenues dans la Foire aux questions. Nous vous invitons à y jeter un coup d’œil régulièrement; les réponses à vos questions s’y trouvent peut-être!