Montréal, 25 mars 2024 — Pas moins de 16 % des travailleuses sociales et des travailleurs sociaux (T.S.) du Québec songent à quitter leur profession dans les deux prochaines années révèle un vaste sondage CROP réalisé pour le compte de l’Ordre des travailleurs sociaux et des thérapeutes conjugaux et familiaux du Québec (l’Ordre). La lourdeur bureaucratique et la charge de travail sont les principaux facteurs qui affectent leur niveau de bonheur au travail, lequel est significativement plus bas dans le réseau public de la santé et des services sociaux.
Toutes proportions gardées, ce serait un peu plus de 2 400 T.S. qui estiment qu’il est
« probable » ou « très probable » qu’elles quittent leur profession d’ici deux ans. Ces données alarmantes révèlent une détresse profonde chez ces professionnelles sur laquelle le gouvernement du Québec doit se pencher immédiatement.
« Cette tendance nous inquiète énormément, car au bout du compte, si les T.S. craquent et quittent la profession, c’est la population qui en payera le prix. Non seulement la qualité et la disponibilité des services pourraient être compromises, mais la pression sur les épaules des T.S. restants s’en trouvera exacerbée. Il y a urgence de mettre fin à ce cercle vicieux », affirme Pierre-Paul Malenfant, T.S., président de l’Ordre.
Plus heureux au privé qu’au public
Le niveau de bonheur professionnel moyen se situe à 7 sur une échelle de 10 pour l’ensemble des T.S. Cette donnée met surtout en lumière la disparité presque systématique entre les réponses des T.S. qui œuvrent en milieu privé et ceux du secteur public, puisque leur niveau de bonheur moyen est respectivement de 8,1 et de 6,9.
Les plus grandes sources de bonheur…
- Les collègues à 29 %
- L’aide, aider les gens, la relation d’aide à 27 %
- Le contact et le lien avec les gens à 24 %
- Le sentiment d’être utile, de faire une différence à 24 %
… et celles de malheur au travail
- Les tâches et la lourdeur administrative à 39 %
- La charge de travail à 19 %
- Le manque de ressources à 15 %
- Le manque de considération et de reconnaissance à 14 %
Un niveau de stress élevé au travail
Le sondage réalisé révèle également que les T.S. sont plus nombreuses que la moyenne des travailleurs au Québec à composer avec un niveau de stress élevé en lien avec leur travail. Effectivement, 51 % des T.S. ont indiqué que leur niveau de stress se trouve à 7 ou plus sur une échelle de 10, comparativement à 39 % au sein de la population active au Québec (sondage omnibus CROP), soit une différence de 12 %.
Trop de bureaucratie, tout simplement!
En pointant du doigt à 39 % les tâches et la lourdeur administrative comme la première source de malheur professionnel, les T.S. expriment un désir manifeste, celui de passer plus de temps sur le terrain au contact direct avec des personnes dans le besoin, plutôt que d’être submergés par la paperasse. Le contact humain et l’impression de faire une différence, voilà ce qui donne un sens à leur travail. Or, face à une réalité où un seul formulaire peut accaparer jusqu’à trois heures de travail avec un usager, l’Ordre s’interroge sur la capacité des T.S. à concrétiser leur volonté profonde d’aider davantage les personnes.
Fiche technique – Faits saillants du sondage
Santé Québec, une occasion de changer pour le mieux
« Nous devons rapidement mettre un frein à l’hémorragie. L’arrivée de Santé Québec représente une occasion de revoir les conditions de pratiques et les méthodes d’évaluation de la performance pour les adapter aux visées et à la réalité des services sociaux. 52 % des répondants affirment que les méthodes d’évaluation de leur travail sont actuellement « assez » ou « très mal adaptées », voilà, selon nous, un bon point de départ pour la nouvelle agence », conclut M. Malenfant.
Des résultats dévoilés dans le cadre de la Semaine des T.S.
Les résultats du sondage CROP sont dévoilés à l’occasion de la Semaine des travailleuses sociales et des travailleurs sociaux qui se déroule du 24 au 30 mars. Cette Semaine vise à souligner la grande contribution des T.S. à la société, mais aussi à faire connaître les interventions qu’elles peuvent réaliser ou les services qu’elles offrent.
Le thème de cette année, T.S. : Au cœurs de toutes les transitions, met de l’avant leurs interventions auprès des personnes, des couples, des familles, des groupes et des communautés qui traversent des périodes difficiles ou qui amorcent de nouvelles étapes de leur vie. Pièces maîtresses de la campagne, quatre capsules vidéo reprenant la perspective de personnes accompagnées lors de périodes de transition, par exemple lors de la naissance d’un enfant ou en lien avec le vieillissement, ont été réalisées.
Obtenir le dossier de presse complet
À propos de l’Ordre
L’Ordre des travailleurs sociaux et des thérapeutes conjugaux et familiaux du Québec regroupe plus de 16 000 membres. Son mandat est d’assurer la protection du public. Les T.S. œuvrent majoritairement dans le réseau de la santé et des services sociaux, mais également en milieu communautaire, en pratique autonome ainsi que dans les milieux de l’enseignement et de la recherche. Les thérapeutes conjugaux et familiaux exercent en majorité dans le secteur privé, en pratique autonome.
Fiche technique – Données factuelles sur le travail social au Québec
Méthodologie
Sondage auprès des T.S.
La collecte des données du sondage réalisé pour le compte de l’Ordre s’est déroulée entre le 23 janvier et le 19 février 2024. 16 155 membres de l’Ordre ont été invités à participer à ce sondage qui s’adressait uniquement aux T.S. exerçant à temps plein ou à temps partiel. Au total, 5 134 membres de l’Ordre ont répondu au sondage, soit près du tiers de l’échantillon de base.
La marge d’erreur maximale associée à l’ensemble de l’étude calculée selon un niveau de confiance de 95 % est de 1,13%.
Omnibus CROP
La collecte des données s’est déroulée en ligne du 15 au 20 mars 2024 via l’omnibus mensuel de CROP.
Au total, 1 000 questionnaires ont été remplis par des Québécois de 18 ans et plus. Seuls les Québécois qui travaillent (temps plein ou temps partiel) ont répondu à la question portant sur le niveau de stress au travail.
Les résultats ont été pondérés afin de refléter la distribution de la population à l’étude selon le sexe, l’âge, la langue maternelle et la scolarité des répondants.