Le 15 octobre, répondant à son invitation, j’ai rencontré le ministre délégué à la Santé et aux Services sociaux, M. Lionel Carmant, qui souhaitait poursuivre notre entretien de février dernier et discuter de la suite des choses au chapitre de la protection de la jeunesse. Pour l’occasion, j’étais accompagnée de Mme Monic Lessard, administratrice nommée au Conseil d’administration de l’Ordre.
Cette rencontre de plus d’une heure a été un moment privilégié pour discuter des difficultés vécues par les travailleurs sociaux œuvrant à la DPJ, mais également pour échanger sur les solutions applicables ainsi que sur des moyens à développer. D’entrée de jeu, nous avons fait part de notre inquiétude relativement aux difficultés que plusieurs d’entre vous éprouvent à respecter vos normes déontologiques et éthiques dans votre contexte de travail, en faisant valoir les risques pour la protection du public.
Après sa tournée des DPJ partout au Québec, le ministre s’interroge sur la façon d’améliorer les façons de faire en DPJ et constate qu’il faut du «temps». Il est conscient que les professionnels (les T.S.) «perdent beaucoup de temps au tribunal à attendre, à faire des trucs administratifs», à réaliser des tâches imposées par le tribunal, mais que d’autres types de ressources devraient accomplir, sans menacer la protection des enfants. Il reconnaît la logique industrielle qui s’est installée et souhaite humaniser l’environnement de travail.
Nous avons abordé plusieurs sujets, dont le programme Agir tôt, les risques de la déprofessionnalisation, la nécessité d’offrir de la formation avancée sur les nouvelles connaissances, l’importance de prôner les meilleures pratiques, l’importance à accorder à l’enseignement clinique et aux stages, la nécessité de reconnaître la complexité des situations dans la charge de travail et le ratio imposé aux travailleurs sociaux. Il s’est formellement engagé à cesser la pratique du «52» dossiers obligatoires. J’ai aussi demandé au ministre de réinstaurer des moyens pour assurer la sécurité des travailleurs sociaux, une réalité très présente en Évaluation/Orientation (É/O).
Nos discussions ont également porté sur nos préoccupations quant à l’affichage de postes A.R.H. Le système professionnel québécois s’est assuré de moderniser la Loi encadrant les professions du domaine de la santé mentale et des relations humaines afin que les personnes les plus vulnérables soient desservies par des professionnels encadrés par les dix ordres concernés, en plus d’avoir la réserve de certaines activités hautement préjudiciables. Il importe de préserver cette orientation. À ce sujet, j’ai invité le ministre à la prudence : son gouvernement ne doit pas être un employeur qui nivelle vers le bas quand il est nécessaire d’assurer la protection des enfants par des professionnels compétents.
Finalement, j’en ai profité pour indiquer au ministre qu’un nombre important de thérapeutes conjugaux et familiaux pourraient joindre le réseau avec l’ajout de ce titre d’emploi dans la nomenclature du ministère. Notre démarche est en cours et il s’est engagé à faire une relance auprès du responsable de ce dossier. Je vous assure que le ministre a pris bonne note de cette opportunité.
En terminant, j’ai confirmé au ministre Carmant notre intention de participer à la Commission Laurent. Une fois de plus, cette rencontre aura permis à l’Ordre de positionner ses deux professions au centre de l’offre de services sociaux pour la population du Québec. J’entends continuer à diffuser nos messages aux décideurs dont le ministre délégué, Dr Carmant, et la ministre en titre, McCann, qui tous les deux, sont à l’écoute et démontrent une ouverture très appréciée.
Votre présidente,
Guylaine Ouimette, T.S.