La thérapie de couple : pour qui, pourquoi et quand ?

Par | Publié le | dans la catégorie Thérapie conjugale et familiale

Quand les conflits sont réguliers, qu’il y a un manque de communication, une perte de désir, de la souffrance et de l’incompréhension, et que, malgré les efforts de chacun, l’harmonie ne revient pas au sein du couple, c’est qu’il est peut-être temps d’envisager une thérapie conjugale. Mais en quoi consiste-t-elle ? Est-elle efficace ? Quel est le rôle du thérapeute ? Pour le savoir, nous nous sommes entretenus avec trois professionnels aguerris : Sylvain Nadeau[1], Jacques Mercier[2] et Lyne Douville[3].  

« Lorsqu’un couple vient nous consulter, il arrive généralement en crise en pensant que c’est sa dernière chance », explique Sylvain Nadeau. Les principaux motifs de consultation ? Le manque de communication, l’éducation des enfants, l’argent, la sexualité, le partage des tâches, les relations avec la belle-famille. Mais ce sont aussi les étapes charnières de la vie comme la naissance d’un premier bébé, le départ des enfants devenus adultes ou l’arrivée à la retraite qui viennent perturber l’équilibre du couple et conduisent à une remise au point.

Comment se déroule une consultation ?

Il existe plusieurs techniques de traitement. Mais, quelle que soit l’approche du thérapeute, celui-ci cherche dès la première rencontre à comprendre la dynamique du couple qu’il a devant lui. Il demande aux conjoints d’exprimer leurs attentes, leurs besoins et leurs insatisfactions par rapport à la relation (et non par rapport à l’autre) afin d’observer comment ceux-ci se parlent, s’ils s’écoutent et s’ils se respectent. À ce stade initial de la rencontre, on peut déjà travailler le comment s’écouter et comment proposer à l’autre une version personnelle de ce qui l’amène en thérapie.

Jacques Mercier souligne que le langage verbal n’occupe que 30 pour cent de la communication. Les 70 pour cent restant, la communication non verbale, donne souvent plus d’informations sur la manière dont se perçoivent les deux conjoints. Au fil des rencontres, qui ont lieu généralement au rythme d’une fois par semaine, le thérapeute essaie d’aider le couple « à accéder à un niveau de langage affectif afin de faire surgir une émotion et la libérer, même si cela peut être désagréable », précise Lyne Douville.

Certains spécialistes donnent des exercices à faire à la maison, en dehors des séances de consultation. D’autres préfèrent concentrer tout le travail lors des rencontres. Si la problématique dépasse le couple, par exemple à cause d’un problème de santé mentale, le thérapeute peut conseiller à la personne un suivi individuel. Parfois, les enjeux peuvent aussi impliquer les enfants, et pas seulement le couple. Le spécialiste recommandera alors une thérapie familiale. La majorité des thérapeutes qui offrent la thérapie conjugale proposent aussi la thérapie familiale.

Quel est le rôle du thérapeute ?

En agissant de manière neutre, le thérapeute permet aux conjoints d’exprimer leurs points de vue dans un climat de confiance. « Lors d’une psychothérapie, chacun expose sa vulnérabilité. Le professionnel doit donc instaurer une alliance thérapeutique avec les conjoints, veiller à leur donner un droit de parole égal, et surtout, à ne pas prendre position pour ou contre ce qui vient de se dire. Il n’est pas un juge. Au contraire, il est là pour amener chacun à essayer de comprendre ce que son vis-à-vis vient de lui dire et pour aider le couple à bien travailler ensemble. Pour danser, il faut être deux. Il n’y a pas un coupable et un martyre. Chacun a sa part de responsabilité », ajoute Lyne Douville.

L’objectif du thérapeute sera donc d’aider les conjoints à rétablir le dialogue, en leur faisant quitter la spirale des reproches. Pour cela, il leur fournira des outils leur permettant de mieux communiquer, notamment :

  • parler au « je » plutôt qu’au « tu » afin de ne pas rentrer dans un discours accusateur ;
  • utiliser des messages courts ;
  • soigner le ton de leur voix ;
  • éviter les superlatifs comme toujours, jamais, à chaque fois ;
  • éviter de moraliser ou de généraliser ;
  • reformuler les propos de l’autre pour vérifier que l’on a bien compris son message.

Selon Sylvain Nadeau, manquer à un seul de ces éléments peut faire basculer le mode de communication et grandement affecter la situation.

Combien de temps dure une thérapie de couple ?

La durée de la thérapie est très variable selon la situation de chaque couple. Parfois, quelques séances suffisent pour débloquer et améliorer des situations. Mais cela peut être aussi beaucoup plus long. « Lorsqu’on travaille avec son couple, les fantômes des parents, des grands-parents ou d’un oncle peuvent surgir. On doit aller chercher dans son histoire ce qui déclenche le problème. L’éventail d’interventions est alors profond et large », explique Jacques Mercier. La démarche peut ainsi durer plusieurs mois ou même des années.

 

Une thérapie de couple est-elle efficace ?

Le succès d’une thérapie conjugale dépend en grande partie de la volonté du couple de rebâtir quelque chose ensemble. « Les deux parties doivent être honnêtes et sincères dans leurs interactions avec l’autre. Pour réparer son couple, il faut vouloir retrouver une belle relation, être prêt à pardonner et à se réconcilier, et non vouloir montrer à l’autre qu’on a raison », rapporte Jacques Mercier.

En revanche, si le couple est allé trop loin dans la blessure réciproque ou si l’un des deux conjoints a trop changé, il arrive que la thérapie en scelle la fin. C’est un risque. Certains partenaires vont même consulter dans le but non avoué de quitter l’autre. « Il m’est arrivé plus d’une fois que des couples viennent me voir pour « mieux se séparer ». Nous ne faisons pas de miracle, mais parfois, en travaillant avec cet objectif demandé par les deux partenaires, on en arrive à remettre en question l’idée de la séparation », raconte Jacques Mercier.

Souvent, c’est la différence qui mène à la consultation, car celle-ci peut éloigner au lieu de rapprocher. Le thérapeute se chargera d’aider les couples à la voir comme une richesse. « On ne change pas les gens, conclut le thérapeute, on les amène à pouvoir vivre de la façon la plus harmonieuse possible. Parfois, ce qui a rapproché les deux conjoints au début de la relation les éloigne, car l’un des deux a évolué et ne voit plus cette différence comme un atout. Le couple n’a pas refait le point et les choses se sont crispées. » La thérapie conjugale permet de remettre à jour le contrat de vie à deux et d’augmenter la satisfaction de chacun au sein de la relation.

Dans tous les cas, il vaut mieux consulter le plus tôt possible et prévenir plutôt que d’en arriver à une situation insupportable ou dramatique, pour le bien des partenaires et des enfants, s’il y a lieu.

Pour trouver un thérapeute conjugal détenant le titre de thérapeute conjugal et familial au privé, consultez notre répertoire.

 

[1] Sylvain Nadeau est thérapeute conjugal et familial et psychothérapeute. Il est aussi coordonnateur de la thérapie conjugale et familiale à l’OTSTCFQ.

[2] Jacques Mercier est thérapeute conjugal et familial, et psychothérapeute.

[3] Lyne Douville est psychologue, psychoéducatrice, thérapeute familiale et professeure au Département de psychoéducation de l’Université du Québec à Trois-Rivières.