Quand la tempête se lève, notre famille est le refuge vers lequel nous nous tournons naturellement. Généralement présente à toutes les étapes d’une vie, elle apporte ce réconfort et ce sentiment de sécurité si essentiels lorsque toutes nos certitudes s’effondrent. Or, avec la COVID-19 et les mesures sanitaires pour la contrôler, ce refuge s’est lui-même retrouvé au cœur d’une tempête. En cette journée internationale de la famille, il est plus important que jamais, cette année, de reconnaître les efforts que les familles du Québec ont faits. Nous leur devons aussi d’apprendre de cette crise et de planifier l’avenir afin de leur offrir les services dont elles ont et auront encore besoin dans les prochains mois, voire les prochaines années.
En mars 2020, toutes nos familles, qu’elles soient nucléaires, recomposées, éclatées, soloparentales, homoparentales, monoparentales, biologiques, adoptives ou choisies, se sont serré les coudes et ont porté des messages d’espoir à grands coups d’arcs-en-ciel. Toutefois, au fil des jours, qui sont devenus des semaines, des mois puis des années, détresse, frictions, tensions et conflits ont émergé. D’un point de vue social, cela n’a rien de bien étonnant puisque, confrontés à un événement comme la pandémie qui déstabilise et bouleverse le quotidien, tous ont dû relever le défi de l’adaptation. Celle-ci, par définition, crée du stress et, parfois, de l’anxiété. Nous nous révélons alors des parents moins patients, des adolescents plus renfermés, des enfants plus anxieux, des grands-parents plus inquiets, des amis moins présents.
Ajoutez à cela une organisation familiale particulièrement complexe en raison de l’école à la maison, du télétravail et de l’absence de l’aide des grands-parents ou du soutien habituel : les jours plus cléments ont pu sembler bien lointains aux familles québécoises. Avec un retour progressif vers la normalité, entre deux vagues, certaines familles semblent sortir la tête de l’eau, alors que d’autres vivent encore les contrecoups de l’orage et poursuivent leur rétablissement.
Avec du recul, force est de constater que nous en avons demandé beaucoup aux familles durant ces deux dernières années. Elles ont pris le relais là où l’État ne pouvait plus assumer pleinement son rôle et elles ont répondu aux attentes qui étaient élevées à leur égard, en mobilisant l’ensemble de leurs ressources.
Et si à l’occasion de la Journée internationale des familles, en plus de les célébrer dans toutes leurs formes pour tout ce qu’elles accomplissent et les efforts déployés au cours des deux dernières années, on s’engageait à leur redonner ? Comment ?
En remplissant les promesses qu’on leur a faites.
En souscrivant tous à la vision de la famille et de l’intérêt de l’enfant articulée dans le rapport de la Commission spéciale sur les droits des enfants et la protection de la jeunesse.
En s’assurant que cette vision se transpose dans les nouvelles politiques gouvernementales, notamment le Plan santé.
En mettant l’épaule à la roue pour créer une société bienveillante, solidaire et inclusive où les parents et les enfants qui vivent des difficultés pourront trouver le soutien et l’aide dont ils ont besoin.
En leur offrant des services de santé et psychosociaux notamment dans les CLSC, des milieux de garde, un réseau de l’éducation ainsi que des activités communautaires et de loisirs adaptés à leurs besoins et à leurs réalités.
Il ne s’agit pas d’une mince affaire. Pour que tout cela se concrétise, il doit y avoir suffisamment de professionnels du domaine de la santé mentale et des relations humaines, notamment de travailleurs sociaux et de thérapeutes conjugaux et familiaux, pour épauler les familles au quotidien afin qu’elles soient prêtes à faire face à la prochaine tempête, qu’elles aient de l’aide dans la tourmente et qu’elles profitent du soleil qui point à l’horizon.
Pierre-Paul Malenfant, président de l’Ordre des travailleurs sociaux et des thérapeutes conjugaux et familiaux du Québec