Le 10 décembre dernier, j’ai assisté à une rencontre d’information organisée par le Collectif mourir digne et libre, à l’invitation de M. Yvon Bureau, travailleur social engagé depuis plus de 30 ans dans la défense du droit de l’accès à l’aide médicale à mourir (AMM) et M. Ghislain Leblond, coprésident de l’organisme. Cet événement visait à souligner le 3e anniversaire de la mise en application de la Loi québécoise sur les soins de fin de vie.
Mme Michelle Girard, T.S., a présenté une conférence sur le vécu et l’impact de la pratique de l’AMM auprès des autres professionnels de l’équipe multidisciplinaire, des proches, des familles et des bénévoles. Mme Josée Masson, T.S., fondatrice de l’organisme Deuil-Jeunesse, a, quant à elle, abordé la façon de parler aux enfants et aux petits-enfants lorsqu’un parent ou un grand-parent choisi de terminer sa vie par l’AMM. Mme Margo Ménard, mère de Sébastien Gagné-Ménard, 43 ans, a également raconté l’histoire des grands souffrants qui sont aptes à choisir l’AMM mais qui en sont exclus par les lois. Son fils a pris la décision de est allé mourir en Suisse puisqu’il répondait presque à tous les critères de l’AMM à l’exception d’un seul, celui d’une fin de vie raisonnablement prévisible. Finalement, nous avons entendu le Dr Pierre Viens qui pratique au soutien à domicile et fait partie des 100 médecins (sur 22 000) qui répondent aux demandes d’AMM formulées par d’autres médecins qui ne souhaitent pas exercer cette pratique. Il nous a parlé des nombreuses difficultés de cette pratique ainsi que les correctifs importants à y apporter.
Enfin, on notait également la présence du Dr Alain Naud, du Dr Gaétan Bégin, et du Dr Viens, pour qui l’accompagnement d’une personne en fin de vie est primordial dans leur profession.
Rappeler l’importance de ce dossier au gouvernement
Notre collègue, Yvon Bureau, estime qu’il est temps de demander aux politiciens de mettre sur pied une nouvelle commission parlementaire pour inclure le droit des grands exclus, pour harmoniser les lois provinciale et fédérale afin d’obtenir le consensus populaire sur l’élargissement de l’accès à l’AMM et offrir la possibilité à toute personne de pouvoir mourir dans la liberté de son choix et de sa dignité. L’OTSTCFQ souhaite ardemment que les incohérences légales soient harmonisées dans le plus grand respect du droit de l’être humain. D’ailleurs, nous faisons partie des 6 ordres qui ont cosigné une lettre adressée à la ministre de la Justice et au ministre de la Santé et des Services sociaux afin d’agir dans ce dossier, datée du 28 juin 2017.
En voici un extrait :
« … nous vous avons fait part de notre vive préoccupation au sujet de la confusion des normes qui encadrent l’aide médicale à mourir au Québec. Nous vous avons notamment demandé de procéder à un renvoi à la Cour d’appel pour statuer sur la constitutionnalité de la loi fédérale sur l’aide médicale à mourir. Nous sommes revenus à la charge dans notre lettre du 27 mars dernier à la suite de l’annonce du gouvernement de demander aux tribunaux de clarifier la notion de mort raisonnablement prévisible qui se trouve dans la loi fédérale sur l’aide médicale à mourir. Le 13 juin dernier, une procédure judiciaire a été déposée à la Cour supérieure pour l’obtention d’un jugement déclaratoire sur ces questions. Dans l’intérêt public, nous invitons à nouveau le gouvernement à procéder à un renvoi à la Cour d’appel pour statuer sur les questions juridiques de l’aide médicale à mourir. »
Avec l’arrivée du nouveau gouvernement de la Coalition Avenir Québec, il y aura lieu de relancer notre demande.