Dossier spécial

La réforme à l'examen

L’effritement des services de santé et sociaux vu de l’intérieur


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Voici une brève présentation de l’état de la situation actuelle dans notre CISSS. Nous faisons partie de l’équipe du Suivi intensif dans le milieu (S.I.M.) à St-Jérôme. Le plan d’action en santé mentale 2015-2020 a, jusqu’à maintenantfait de nous une équipe ménagée par toute la restructuration actuelle comparativement à nos collègues. Nous ressentons néanmoins une pression constante pour augmenter le nombre d’usagers. Cela s’avère difficile compte tenu de la complexité et de la lourdeur des problématiques, et cela sans compter le resserrement des normes de la pratique.

Incertitude et incohérence

Autour de nous, c’est littéralement l’effritement des services en CLSC. Nos collègues perdent leur travail, elles voient leurs tâches, leurs horaires et leurs lieux de travail modifiés, et ce, sans considération. Les piliers de ce réseau sont en détresse. Aucun changement ne se fait sans heurts, mais les incertitudes et les impacts des changements actuels sont nocifs. La problématique des listes d’attentes cachées est pratique courante, sans égard aux revendications. Des postes sont maintenant modifiés de T.S. à T.T.S., afin de pouvoir supporter les assignations aux dossiers, sans les obligations professionnelles, entraînant des T.S. ayant plusieurs années d’ancienneté vers le chômage. Sans parler de nos collègues du communautaire qui subissent de part et d’autre des pressions, vu les coupes financières et l’augmentation des besoins puisque le réseau réduit l’accessibilité. Ils étaient déjà en mode de survie. Tristement, le grand perdant c’est encore une fois l’usager.

De plus en plus, le travailleur social se retrouve prisonnier entre les demandes de son ordre et les demandes de son établissement. Les discours contradictoires sont fréquents dans ce dialogue de sourds. Respecter nos obligations professionnelles (notes conformes dans les délais, évaluation du fonctionnement social pour tous les dossiers, etc.) entraine un manquement envers les exigences de l’employeur (nombre de pivotage et de visites par jour). Cela est encore plus vrai dans la réalité d’un S.I.M. Selon nous, des lacunes importantes sont présentes dans la compréhension de notre travail, T.S. œuvrant en S.I.M, par l’Ordre. Les obligations actuelles sont trop rigides et strictes pour le modèle préconisé et évalué par le Centre national d’excellence en santé mentale puisque nous ne travaillons pas en multidisciplinarité, mais bien en interdisciplinarité.

Faire preuve de créativité et garder le cap

De notre côté, dans notre univers, nous tentons de rester mobilisés et d’offrir les services dont notre clientèle a besoin. Nous usons d’imagination afin de réaliser les interventions de façons différentes. Nous tentons de renouveler notre pratique afin de faire vivre de nouvelles expériences à notre clientèle. Pour garder le cap et maintenir la flamme, l’ensemble de notre équipe est mobilisé à la réalisation de projets, comme un groupe d’enseignement des bonnes habitudes alimentaires, des rencontres d’information et de soutien pour le réseau primaire de nos usagers, la mise en place d’une activité citoyenne, etc. Pour ce faire, nous maintenons nos argumentaires afin de préserver le ratio actuel. Nous refusons de faire plus avec moins, mais tentons de faire mieux, pour nos usagers, mais aussi pour notre santé mentale.